mercredi 31 janvier 2007

Les coulisses de l'Asean

Un douzième sommet dans ses plus beaux habits... de police. Près de 10 000 policiers et militaires quadrillaient l'île de 8000 km², entre le 10 et le 15 janvier pour le 12e sommet des 10 pays de l'organisation de l'Asie du sud-est. La menace terroriste n'est vraiment pas loin - à quelques centaines de kilomètres des bases du fameux groupe Abou Sayyaf-, et le report du sommet en décembre dernier, à la dernière minute, avait entre autres été justifié par ces risques.

Donc du bleu et du kaki, c'est joli pour refaire le décor de Cébu. Heureusement, l'inauguration était plus diversifiée, comme vous pouvez en voir les délires marino-nationalistes: des "cebuanos" qui soufflent - ou en tout cas approchent la bouche et font bien semblant - dans un coquillage improbable. Bon, la pluie était assez refroidissante, mais on peut pas tout prévoir, même quand on est les boss de la région.

Non, en fait, celui qui a tout compris, c'est le maire de cette ville: déjà, par ses copinages avec la présidente, il a réussi à voler l'organisation du sommet à la capitale, ce qui n'est pas banal quand il s'agit de réunions de cette échelle. Mais surtout, ce bon-empoint maire a dragué le petit millier de journalistes présent pour l'événement en les invitant dès le premier jour dans une énorme villa pour une fête pas moins monumentale. Et c'est là que vous verrez le Parrain du centre des Philippines se faire entraîner par sa femme vêtue d'un jaune pétant et déchaînée sur la musique, comme toute Philippine qui se respecte. Je ne pouvais pas vous épargner la vidéo : la voilà ici bas.


Le Maire de Cebu en plein délire
Vidéo envoyée par sebfarcis

samedi 20 janvier 2007

Du haut d'une communauté catholique


Ca y est, les connexions se rétablissent progressivement aux Phillippines. Le câble sous-marin qui a été affecté par le tremblement de terre au large de Taïwan n'a sûrement pas été réparé... mais le flux nous revient par vagues...
Je profite donc de cette fenêtre dans le flux numérique pour redescendre mes images et quelques récits de la montagne philippine.
Un voyage dans la province de Kalinga, à la pointe nord de l'île de Luzon; 13 heures de bus de Manille, pour arriver à Tabuc, puis deux heures de jeep parmi les rizières, et un début de grimpe à pied, pendant deux nouvelles heures. La voiture ne passe plus, le chemin est raide.
Au milieu de ces montagnes de près de 2000 mètres de hauteur est établie une mission catholique.
Aucun prètre philippin pour la tenir, la ferveur catholique des Philippins trouve ses limites dans l'isolement. Deux pères étrangers y vivent: un Congolais et un Indonésien.
Je suis parti accompagner une amie qui travaille pour l'ONG Enfants du Mékong. La mission de l'ONG est de financer l'éducation d'enfants en Asie, ce qui implique d'aller chercher ces enfants et d'entretenir les liens. Sa mission, à elle, est donc d'établir ces liens: relevés de notes, échange de photos, discussion et évaluation de la motivation des enfants de ces montagnes, qui vivent parfois à 2 h de marche de leur école. Tout constitue ce petit suivi, l'autre côté du chèque de 20 euros donné chaque mois par un foyer français, contre une photo du sourire d'une fille, d'un garçon. Mais la petite doit être jolie sur la photo : des parrains ont déjà renvoyé la photo en disant qu'ils voulaient une fille plus jeune et plus mignonne...
Et au quotidien, comme la responsable locale d'Enfants du Mékong est basée à Manille pour pouvoir sillonner le pays, ce sont les deux prêtres qui font les tuteurs pour les enfants, et qui servent de lien avec l'ONG. Pour le transport dans une des seules jeep du coin, pour la fête dans une des seules grandes salles des montagnes, et qui appartient à la paroisse, l'Eglise catholique est un petit Etat dans un no man's land de pouvoir public, ces deux prêtres font toutes les tâches de pères et de maires. Une responsabilité importante, un pouvoir énorme. Et au bout de trois jours avec eux, j'étais heureux de voir qu'ils n'avaient pas l'air d'en abuser. Dans tous les sens du terme.

Un regard qui se passe de commentaires.





Fête pas forcèment très catholique

Province de Kalinga, la nuit tombée.
Le soir, le prêtre a réuni les enfants pour une petite soirée dans une des maisons du village de ces montagnes. Il anime les Philippins, timides. Et ce Congolais se lance avec une des enfants, dans une danse traditionnelle de Kalinga!



Le prêtre en forme
Vidéo envoyée par sebfarcis