dimanche 30 mai 2010

Dans l'intimité des transsexuels philippins



C'est l'histoire d'un pays d'apparence si tolérant, et de gais transsexuels, excentriques et dévergondés, déambulant en plein jour dans les rues de Manille, et qui impriment la rétine de l'étranger qui les croisent. Mais c'est surtout l'histoire d'une contradiction qui nait comme toujours au coeur de l'histoire de cet archipel, entre ses différentes origines conflitcuelles : une culture païenne et polithéiste, ouverte aux formes humaines différentes, qui consacrait les transsexuels comme des demi-dieux, et qui doit s'arranger avec cette religion catholique venue de si loin. Et qui est si éloignée de cette tolérance.

Et aujourd'hui, cela met les transsexuels philippins dans une position inconfortable : admis dans les comedy bars et les salons de beauté, dans les shows télévisés pour en faire rire le plus grand nombre, ils sont cependant interdits de toute reconnaissance officielle. Changement de sexe, soutien médical, ou pire, protection judiciaire contre le viol, par exemple. Tout cela leur est nié, car ils ne se conforment pas à l'image chrétienne et traditionnelle de l'homme, ou de la femme.

Je vous invite à lire cette enquête sur les différentes facettes de la vie de ces transsexuels philippins, que nous avons publiée dans Paris Match, avec le photographe Romain Rivierre.

En aparté, je vous recommande grandement ce discours prononcé devant l'ONU par l'une des personnes que j'ai interrogée, Sass Rogando. Un discours poignant.

mardi 11 mai 2010

DES ÉLECTIONS HISTORIQUES POUR UN PRÉSIDENT DE COEUR



Les élections philippines ont montré pour une fois le meilleur côté des Philippins, et prouvé qu'on était encore, malgré tout, dans une démocratie. Malgré les nombreux achats de voix qui ont eu lieu hier, malgré les intimidations armées et le blocage de l'ascension sociale réalisé par les élites du pays. Malgré tout cela, les Philippins ont pu être entendus hier. Ce qui n'avait pas été le cas depuis longtemps.

En 2004, il a fallu plus d'un mois pour proclamer le Président, qui s'est révélé avoir massivement triché. Cette année, on avait la majorité des résultats moins de 24 h après le début du vote. Et selon un procédé électronique transparent qui a fait faire à l'archipel un énorme bond en avant dans le 21e siècle. Un bond en avant, clairement, vers une démocratie plus transparente. Et cela est un vrai soulagement de se sentir finalement fier de ce système politique philippin qui montre trop souvent son côté le plus diabolique.

Et c'est un Président de cœur qui a été élu par les Philippins, plus qu'un Président de raison. Un homme qui porte le nom de la révolution de 1986 contre Marcos, qui affiche un visage enfantin et vierge de toute malice, un enfant, encore, qui vient à peine de quitter sa mère.

Mais cet enfant peut-il devenir Président ? Sa personnalité effacée et son manque de réalisations comme député et sénateur parlent contre lui. Il aura maintenant six ans pour montrer qu'il peut sortir du cocon, et devenir Noynoy avant d'être Aquino.

Je vous invite à suivre un reportage de la campagne sur la Radio Suisse, et de lire cet article dans LE TEMPS


lundi 10 mai 2010

LE JOUR LE PLUS LONG, LE JOUR DE L'ÉLECTION

C'EST LE JOUR DE LA RÉVOLUTION DÉMOCRATIQUE, le jour ou jamais, en tout cas, pour la faire. Car aujourd'hui, on fait table rase. Ce 10 mai, on change tous ces élus qu'on ne cesse de critiquer : maires, gouverneurs, députés, sénateurs, vice-président et président.


Mais le changement vers où ? "Moins de corruption", "la fin de la pauvreté," les promesses sont belles. Mais en dehors du fait que les candidats ne s'embarrassent pas beaucoup à expliquer comment ils vont tout changer en un mandat présidentiel de 6 ans, leurs origines mêmes laissent douter de leur sincérité. Et le premier d'entre, Noynoy Aquino, en tête dans les sondages, est le principal suspect dans ce jeu de dupes : originaire d'une famille d'aristocrates et de propriétaires terriens, député et sénateur inexistant pendant 12 ans, on doute de ses capacités à briser radicalement ses attaches familiales et claniques. Mais il est présenté comme le moins mauvais choix parmi les 8 principaux candidats à la présidence des Philippines.
Le changement, par contre, est bien réel dans le système de vote : pour la première fois, les votes seront comptés et transmis de manière électronique, et on peut cette fois vraiment penser que cela évitera la majorité de la manipulation des résultats, une pratique courante aux Philippines. Une avancée, si les candidats qui ont peur de perdre ne s'amusent pas à faire bruler toutes les machines, comme cela a déjà commencé.


C'est le jour où on change tout. Pour le meilleur ou pour le pire. Alors pour suivre et mieux comprendre les enjeux , je vous invite à entrer dans la danse des révolutions d'avant le scrutin. Et à rejoindre une manifestation qui réunit des prêtres catholiques et des militants de gauche.