mardi 23 novembre 2010

Le massacre de Maguindanao - Un an après, contre l'oubli

La tâche est incommensurable, et l'attente, intenable. 197 personnes sont aujourd'hui accusées d'avoir participé, de près ou de loin, au plus sanglant massacre de l'histoire moderne philippine. 500 témoins devraient être appelés à la barre, la plupart ayant accepté avec un courage fou de dénoncer le clan des Ampatuan.

Les preuves sont accablantes contre ce clan sanguinaire, qui, depuis plus de dix ans qu'il exerçait un pouvoir sans partage sur la province de Maguindanao, avait déjà semé des dizaines de cadavres pour s'assurer le contrôle sans partage de son royaume. Le récent rapport de Human Rights Watch décrit même, dans une précision qui terrifie, les exécutions à la tronçonneuse de membres de la famille d'opposants. "They own the people", "Les gens leur appartiennent". Telle est l'image que ne pouvaient s'empêcher d'avoir les habitants de cette province plongée dans un règle obscur et corrompu des Ampatuan.



Toutes ces preuves, pourtant, ne devraient pas suffire à condamner rapidement la vingtaine de membres de ce clan inculpés pour l'assassinat de 58 personnes. "Un procès normal, qui ne comprend qu'un accusé et qu'une victime, prend en moyenne 5 ans", explique, désolé, Harry Roque, un célèbre avocat des droits de l'homme, et défenseur de 15 plaignants. Les calculs de certains pour donner une date de fin à ce procès, et donc de condamnation, ont abouti à des chiffres à multiples zéros. Terrifiant, absurde.

En ce jour de commémoration du massacre du 23 novembre 2009, la ministre de la Justice a déjà demandé à doubler le nombre d'audiences - en passant d'une audience à deux.par semaine. Mais cela suffira-t-il ? Les veuves des 32 journalistes assassinés, ainsi que des autres victimes, espèrent être encore vivants pour assister à cette condamnation.

Je vous propose de lire le témoignage de l'une de ces veuves, Glenna Legarta, ses espoirs et ses craintes, un an après l'assassinat de son mari.

Voici mon article dans Le Temps.

Photo : Trois veuves de journalistes, assassinés lors du massacre, avec 57 autres personnes. Crédit : Alastair McIndoe