La saison des élections bat son plein, la saison des assassinats fait tomber les politiciens. Depuis une semaine, deux personnes au minimun sont tuées chaque jour dans le pays dans des "violences liées aux élections" du 14 mai prochain. Des chefs de village qui ont choisi le camp le moins armé, des supporters des candidats locaux, ou tout simplement des maires.
Pour ces élections encore, comme il y a 3 ans lors du scrutin présidentiel, le chiffre des 100 persones abattues devrait être atteint. Mais cette année, comme le disait un chroniqueur, la particularité est que les commanditaires n'hésitent pas à tuer les candidats eux-mêmes : dans les dernières semaines, le maire de San Carlos (100 000 hab.) a ainsi été abattu en pleine fête du village, moment de l'élection de la Miss San Carlos...
Un des points les plus chauds à la veille de ces élections, qui doit renouveller la chambre des députés, la moitié du Sénat, et tous les mandats locaux (maires, gouverneurs), est la province d'Abra.
Dans le nord ouest du pays, le gouverneur a transformé la province en vrai Far West : il est accusé d'être responsable des dizaines d'attaques à l'arme automatique contre les autres politiciens locaux. D'être d'abord le commanditaire du meurtre du député de la province, Luis Benjamin Jr., tué à la sortie d'un mariage en décembre dernier. A la veille de l'élection, c'est contre la maire d'une des villes de la province, qui est également son opposante pour le poste de gouverneur, qu'il aurait envoyé ses hommes de main, la semaine dernière. Bilan : 6 morts. Des supporters, cousins et neveux de cette maire, Cecille Luna, mais elle est restée indemne, car elle avait pris exprès un autre intinéraire. Il faut dire que ce n'était pas la première fois qu'elle était visée.
Être candidat aux élections peut donc se révéler mortel aux Philippines. Gare à ceux qui essaient de se faire élire dans les fiefs locaux, tenus par les dynasties. Deux chiffres : 81 provinces sont dominées par 119 familles. Une répartition peu partageuse, un blocage entretenu souvent au moyen d'assassinats ciblés.
Pour contrer cela, la commission des élections a interdit toute détention d'armes sans autorisation spéciale, pendant trois mois avant le scrutin, comme lors de chaque élection. Dans la province d'Abra, elle a obtenu le contrôle sur la police pour établir des check point. Peine perdue apparemment, son président a avoué qu'il ne pouvait rien faire si les dirigeants politiques eux-mêmes faisaient tout pour établir un climat meurtrier. "Les policiers ont beau confisquer les armes, les politiciens arrivent toujours à se fournir. " Aux Philippines, plus d'un million d'armes seraient en circulation, pour 85 millions d'habitants.
PHOTOS : Fabrication légale (1), et illégale(2) d'armes, dans la "capitale" des armes aux Philippines, Danao. Dans cette ville de l'île de Cébu, des artisants fabriquent des copies de Smith et Wesson, de Magnum ou de Uzi, depuis la 2e guerre mondiale. Des milliers de ces armes sortent chaque mois, des ateliers officiels ou officieux; et les ventes explosent à la veille des élections...
2 commentaires:
blog bien representatif de ce que nous avons vu dans nos trois voyages aux Philippines .
Je demande a Sebastien de me joindre au plutot marcelle.mercier@laposte.net
j'aurai des questions a formuler sur les pratiques à Manille a Makaty city!!!
merci
cordialement
Merci pour ce commentaire. Vous pouvez retrouver des informations complémentaires sur les élections en allant sur le site de RFI et en tapant mon nom. Je vous contacte prochainement. A bientôt
Enregistrer un commentaire