lundi 23 mars 2009

Ces centres d'appels qui profitent de la crise !

On sent le vent de la crise dans le centre du Makati Business District, ou dans les tours d'Ortigas, les deux hubs des centres d'appels philippins. Dans beaucoup de ces entreprises, on est débordés par la demande. "Les clients américains ont une pression encore plus forte pour réduire leurs coûts. Du coup ils n'ont plus le choix : ils délocalisent toute l'activité qu'ils peuvent", explique calmement Rienzi Ramirez, le directeur des opérations de 24/7 Customer.

Avant, ces décideurs répartissaient, gardaient encore le sens patriotique, laissaient donc quelques emplois chez eux, aux Etats-Unis. Aujourd'hui, un double effet semble briser cet équilibre : la récession brutale en Amérique du Nord, d'abord, où des secteurs comme la banque sont fortement touchés. Ceux-ci ne cherchent cependant pas à réduire leur service-clientèle, pour ne pas perdre ces clients. Et en toile de fond, le deuxième élément : la délocalisation de ces services est à présent acceptée. Les 5000 employés de 24/7 Customer n'ont plus à cacher qu'ils répondent au téléphone depuis les Philippines, comme c'était le cas il y a quelques années.

Ces deux éléments participent au succès par temps de crise, du secteur du Business Process Outsourcing aux Philippines, qui a connu déjà plus de 25% de croissance en 2008. Oscar Sanez, le président de l'association philippine des services délocalisés, prévoit de largement dépasser les 30% en 2009.

La société 24/7 Customer, elle, a vu son chiffre d'affaires bondir de 60% depuis octobre 2008. La crise a toujours quelques avantages ...

Pour entendre le reportage au coeur de ce monde des centres d'appels, venez ici, sur le site de France Info.

mardi 3 mars 2009

Journalistes assassinés : le triste record des Philippines

Les Philippines ont un triste record : celui de l'assassinat des journalistes. Le chiffre est tellement élevé que suivant les années, on compare l'archipel aux pays en guerre... quand je suis venu chercher ma carte de presse à Manille pour la première fois en 2006, les Philippines étaient le deuxième pays le plus dangereux pour les journalistes ... après l'Irak ! Le compte est aujourd'hui à 63 journalistes assassinés depuis l'arrivée de Gloria Arroyo au pouvoir en 2001.

Il n'empêche : je suis toujours là, loin d'être menacé, et la presse est particulièrement libre et bonne dans cette ancienne colonie des Etats-Unis. Les Philippins auront au moins hérité d'une chose bénéfique : la culture libérale de la liberté d'expression.

Certains paient le prix de cette velléité de liberté, plus que moi qui rapporte pour des médias étrangers. Mais la situation est complexe dans beaucoup de cas, et tous ne sont pas assassinés pour empêcher de fumeuses révélations : tous ces journalistes sont dans les provinces, où ils vivent avec peu de revenus. Ils sont donc vulnérables aux avances des hommes politiques. Cela brouille parfois les cartes, et les expose d'autant plus.

C'est le cas du dernier journaliste assassiné, Ernesto Rollin, sur lequel j'ai enquêté pour le Centre de Doha, un centre de défense et de soutien des journalistes dans le monde, récemment fondé par Robert Ménard.