mardi 30 mars 2010

Des déchets à l'énergie


C'est une décharge de triste mémoire qui est devenue source d'espoir. Dans le nord de Manille, la décharge de Payatas, deuxième plus importante de cette mégapole de 15 millions d'habitants, - qui a enseveli 200 personnes lors d'un accident il y a 10 ans - a commencé à produire de l'électricité depuis quelques mois. Pas encore de quoi faire tourner une usine de ciment, mais quand même, de quoi éclairer les rues du quartier, et fournir de l'électricité gratuitement aux femmes de ce quartier pauvre, pour repasser. C'est un premier pas. Ce n'est d'ailleurs, qu'un premier pas. Car on s'attend à beaucoup mieux.(Première photo et deuxième photo : on voit bien le grand tube, dans ce cas déconnecté au réseau et à la centrale, sortir de la montagne de déchets)



Le système parait assez simple comme cela : une décharge, en plus de sentir mauvais, produit en son sein un gaz, le méthane, qui nait des déchets en décomposition. Ce gaz est très toxique, et inflammable. Et c'est, enfin, un gaz à effet de serre 11 fois plus nocif pour l'atmosphère que le dioxyde de carbone.



Donc ce qui se passe à Payatas, c'est qu'une entreprise, Pangea, a creusé d'énormes trous de 30 mètres à l'intérieur de ces montagnes de déchets, afin de capturer ce méthane avant qu'il ne s'échappe, et de le brûler pour le transformer en électricité. Et voilà !

Sauf que cet investissement a été concrètement possible grâce à quelque chose qui nous paraissait jusqu'à présent diablement théorique et incompréhensible : le protocole de Kyoto, et ses fameux crédits de carbone.

Ces crédits de carbone, dans ce cas, ont été la condition essentielle pour que l'entreprise d'ingénierie Pangea monte ce projet.













Pour suivre cette histoire, et comprendre comment on transforme une décharge meurtrière en source d'énergie, suivez-moi dans ce documentaire diffusé sur RFI.

















mercredi 3 mars 2010

Ces 43 personnes privées de tout droit

C'est un chiffre qui a fait la Une des journaux philippins ces derniers temps : 43
Un chiffre. Le nombre des personnes arrêtées le 6 février dernier par une descente conjointe de police et d'armée, dans une maison de la campagne du nord de Manille.
Que se passait-il dans cette maison ? Selon ces 43 personnes, une mission médicale et une formation aux premiers soins dans cette région reculée. Plusieurs étaient en effet docteurs, d'autres infirmières.
Pour l'armée, l'histoire est totalement différente. Ces 43 personnes sont des membres de la rébellion communiste de la New People's Army (NPA), et menaient une formation sur la confection d'explosifs.

L'origine diffère. Mais la suite semble mettre d'accord les acteurs, ou presque. Car suite à cette arrestation, l'armée a en effet reconnu avoir menotté les mains et bandé les yeux de ces accusés continuellement. Pendant 3 jours.
Puis leur a nié le droit de voir des avocats. Pendant 5 jours.

Certains des accusés ont ensuite avancé qu'ils avaient été torturés, parfois à l'électricité, pour qu'ils parlent. La Commission des Droits de l'Homme est venue, plusieurs fois, et a partagé son outrage devant ce cas de violation flagrante des droits de l'homme, pour des raisons de lutte contre l'insurrection communiste de la New People's Army.


Cette lutte contre la rébellion communiste est en effet le credo qui semble justifier de graves violations des droits de l'homme, et des centaines d'exécutions présumées par l'armée depuis l'arrivée de Gloria Arroyo au pouvoir. Et cet exemple montre à quel point l'armée est habituée et à l'aise pour agir en dehors de la Constitution et de la loi.

Suivez-moi aux abords, puis à l'intérieur de cette caserne où sont encore aujourd'hui détenus ces 43 rebelles présumés qui reçoivent cette injustice d'exception.



Légende : Leila de Lima, La directrice de la commission des droits de l'homme rencontre le Général Segovia, commandant de la 2e division d'infanterie où sont détenus les 43 accusés.