dimanche 30 septembre 2007

Les femmes, égales des hommes dans le business

ON A BEAU LE REPETER, associer les deux notions, les rédactions avaient du mal à y croire, et me répondaient en me disant que c'était quand même "étonnant", "surprenant", voire même "intrigant" : les Philippines sont le seul pays où les femmes sont l'égal de l'homme dans l'économie. C'est à dire, qu'il y a autant de femmes cadres que d'hommes dans le secteur privé. Je précise dans le secteur privé, car quand on inclut le secteur public, les femmes sont 27% plus nombreuses à encadrer des équipes que les cols blancs masculins.
A vrai dire, les convaincre aurait été certainement plus difficile, si je n'avais eu mon grand ami Grant Thornton. Ce compagnon basé dans la très sérieuse City de Londres m'a officialisé la chose, et m'a ainsi grandement facilité la tâche. Ce cabinet d'études international a publié une enquête qui classe l'intégration des femmes dans l'économie privée de 32 pays. Et dans lequel, donc, Ô surprise, les Philippines excellent pour une fois de manière positive. Les pays occidentaux, si aisément appelés développés, font bien pâle figure quand il s'agit de faire travailler les femmes. La France est 17e, le Japon dernier. Merci, allez vous rhabiller.

Alors oui, c'est bien beau de faire travailler les femmes, et en plus de leur donner des responsabilités, on aimerait bien, nous (enfin en théorie) ... mais comment vous faites ?

La recette des Philippines est à l'image du pays : un melting pot d'influences, aussi difficile à copier qu'à expliquer.
Il y a d'abord le premier regard, l'apparence qui semble donner les clés de l'indépendance des femmes actives : les domestiques. Ou, comme j'ai malicieusement réussi à le faire dire à une députée féministe, "le fait d'avoir une femme à la maison qui s'occupe des tâches domestiques et des enfants est un grand facteur de libération... pour les femmes !" Les Philippins sont connus de par le monde pour leurs domestiques qui s'exportent dans les 180 pays du globe. Mais il en reste encore beaucoup au pays ; il y a quelques années encore, 80% des foyers avaient des domestiques. Ce chiffre est tombé à présent à 10%, selon un sondage de TNS-Global. Les femmes actives peuvent, encore, plus facilement se dédier à leur travail, rester tard le soir, et finalement occuper des fonctions d'encadrement gourmandes en temps, car "on n'a pas besoin de courir à la maison s'occuper des enfants ou faire à manger au mari", comme le disait simplement Florencia Tarriela (photo), directrice de la Philippine National Bank, 5e organisme bancaire de l'Archipel. Les femmes délèguent une partie de l'éducation de leurs enfants à des domestiques. Une confiance totale, souvent, envers des employées finement et attentivement choisies.











DEUXIEME ETAGE de la fusée féminine: leur éducation. Les femmes réussissent mieux que les hommes à l'université. 33% des employées féminines ont fait l'université, contre 25% des hommes. La différence est même du simple au double pour les plus hauts niveaux de "post-graduate", qu'ont atteint 20% des femmes contre 10% des hommes. Une des raisons que l'on m'a donné est que les filles, jeunes, sont gardées à la maison, où elles aident leur mère, et sortent moins que les garçons. Donc elles étudient plus.

Enfin, et c'est peut-être le plus simple qui explique le mieux : "les femmes manager sont des mines d'or", me lançait le patron d'une société française d'édition de portails Internet, Anxa, en réalisant à quel point il leur faisait confiance : sur les 10 managers que compte sa société dans l'Archipel, Fabrice Boutain a engagé 9 femmes. "Responsables, innovatrices, très bonnes financières..." : Les femmes philippines sont comme leur pays, un mélange d'influences: Un peu de sang chinois qui donne aux femmes un sens aigu du business ; l'influence espagnole par laquelle les femmes sont responsables au foyer autant que dans leur vie active ; et enfin un libéralisme économique et un pragmatique américain qui les rend assez indépendantes. Et Fabrice de réaliser, sans presque oser l'avouer, qu'il pratique ainsi une discimination positive... envers les femmes !

Si vous voulez en savoir plus :
mes reportages sur le sujet ont été diffusés sur RFI, sur la Radio Suisse Romande,
et sont à paraître dans La Croix de ces jours-ci, dans Challenges de la semaine prochaine, et dans L'Expansion du mois de janvier... quand je vous disais que les rédactions étaient "intriguées" !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme quoi quatre cents ans dans un couvent et cinquante à Hollywood auront permis un féminisme des plus inattendus.

Anonyme a dit…

salut!

j'étais en même que toi à l'esj chez les phr en 2004-2005
j'ai vu l'article dans la gazette de l'esj et j'ai dit tiens un gars que je connais
c marrant de voir les parcours des gens et puis c vrai qu'on a des news que par la gazette
tu as donc choisi a radio et le voyage aux philippines pour je ne sais combien de temps. ça ne dois pas être facile tous les jours et les sujets faut les trouver du vrai journalisme d'investigation
bravo à toi et bon courage car sous le soleil se cachent des choses pas très reluisantes parfois
moi je suis en alsace dans un ehbdo rural depuis peu en cdi j'ai pas autant voyagé mais pourquoi pas un jour...
bon vent à toi et ton blog est très bien
a plus tard

mathilde bazin
PHR 79ème
thildoue@hotmail.com