mercredi 8 juin 2011

Les Philippines, le seul pays au monde à interdire le divorce

Il y a des réalités qui explosent les clichés. Quand on parle en France de fermeture d'esprit et de résistance au modernisme sociétal,  on a vite fait de citer un pays : l'Arabie Saoudite. Et plus largement, " tous ces pays du Golfe qui vivent encore au Moyen-Âge, et oppressent leurs femmes". Mais on est loin de penser que le plus grand obscurantisme religieux peut venir d'un pays très occidentalisé, et surtout, CATHOLIQUE.

Voici donc l'histoire des Philippines, bientôt le seul pays au monde à interdire à des époux de divorcer (les députés de Malte devrait bientôt voter la légalisation du divorce, après le référendum favorable du 29 mai). 

Il est difficile pour nous d'imaginer les effets d'un tel blocage pour des époux. Selon la loi philippine, la seule solution pour pouvoir se séparer complètement, et se remarier, est d' "annuler" le mariage. Concrètement, effacer d'un coup de chiffon toutes les années passées en couple, en prouvant que ce mariage n'aurait jamais dû avoir lieu : car le mari était impuissant, car l'une des personnes a été forcées à se marier, ou la technique utilisée dans 85% des cas aujourd'hui, car l'une des personnes, ou les deux, sont "psychologiquement incapables" d'être mariées.

Cela veut dire que non seulement les époux, qui sont en général en pleine détresse émotionnelle dans le meilleur des cas, voire en déchirement total dans le pire, doivent en plus passer devant un psychologue, qui devra leur dire qu'ils sont "irrémédiablement incapables" de recommencer leur vie. En gros, votre cause est désespérée, vous n'avez plus qu'à vous morfondre dans votre misère émotionnelle. Merci la culture du châtiment et du martyr catholique ! 

Et c'est pourtant le calvaire qu'est en train de vivre Jennifer, une jolie femme de 30 ans, qui a subi, pendant 6 ans, la violence aveugle de son mari. "Il n'y a pas un jour où il ne m'a pas battu", confie-t-elle, les larmes aux yeux. Puis est venu le viol. 

Et malgré les preuves évidentes et accablantes de sa souffrance matrimoniale, cette violence ne peut pas être une raison pour se séparer de son mari. Selon la loi, les époux doivent rester ensemble. Quand j'ai présenté le cas de cette femme à un  responsable de haut niveau du clergé, il m'a répondu, sans ciller : "Le divorce ne résoudra en rien le problème des violences conjuguales, il ne fera que le multiplier ! Car si la femme part, le mari prendra une autre femme, et il la tapera à nouveau. Il faut que l'Etat soigne cet homme d'abord."
Il y a dèsfois, je m'interroge pourquoi on demande à des hommes qui n'ont pas le droit de se marier, leur opinion sur le divorce. Pourtant, malheureusement, dans cette société philippine, les prêtres ont encore une très forte capacité de nuisance. Et une trop large influence auprès des députés. Et il ne faut pas oublier que les prêtres, comme les députés, sont des hommes. Et qu'ils n'ont en général rien à gagner à autoriser le divorce.

Pour écouter l'histoire de Jennifer, et celle du combat pour la légalisation du divorce, suivez-moi dans ce reportage diffusé sur RFI. 

Pour aller plus loin, vous pouvez aussi lire le témoignage de cette femme, qui est passée par toutes les étapes de cette annulation.
Ainsi que les détails de la proposition de loi sur le divorce, déposée par un parti féministe.

Enfin, pour aller plus loin que le cliché, voici les règles qui prévalent dans le monde musulman, par rapport au divorce. Beaucoup plus avancé qu'on peut l'imaginer.


1 commentaire:

jean-marc a dit…

et oui les intégristes sont aussi chez les catho