mercredi 19 novembre 2008

Dans la vie des chercheurs d'or

C'était d'abord un regard. Deux regards, tellement ressemblants, du père et du fils. Ce lien de parenté a été plus fort que leur sort, car c'est le père, Mario, qui a réussi à sauver son fils, Jayson, emprisonné dans la mine d'or d'Antamok, par plus de 200 mètres de fond. Jayson y est resté 8 jours, il a survécu en mangeant son T-shirt, et en priant, alors que les membres de sa famille qui étaient descendus avec lui chercher quelques pépites, mouraient l'un après l'autre dans cet antre où plus aucune lumière n'était présente depuis le 3e jour de cette captivité infernale.

Mario a dû apprendre en 3h à se servir de tout l'équipement de plongée et du matériel de sauvetage, et il est parti guider les militaires de la marine philippine dans les couloirs inondés de la mine, à travers une eau toxique sans aucune visibilité, à tatons. Le typhon Nina avait inondé une partie des couloirs de cette mine désaffectée. Les quelques mineurs indépendants qui avaient bravé le bon sens, pour descendre dans ces couloirs d'Antamok - au nord des Philippines, près de Baguio -, y sont rapidement restés bloqués. Ils étaient 16 à y entrer. Seulement 10 en sont sortis vivants. Tous les corps ont été récupérés, pour ne pas laisser leurs esprits hanter le lieu.









Jayson, lui, ne doit qu'à la résistance de son corps de 20 ans, de ne pas être mort asphyxié comme les 6 autres membres de sa famille qui l'accompagnaient. Son regard reste marqué dans ma mémoire, peut-être parce qu'il semble trop doux et innocent pour être celui d'un mineur qui risque sa vie par 200 mètres de fond. Peut-être aussi parce que ses paroles étaient rares, comptées, timides, pudiques. Quelques mots pour exprimer l'emprisonnement, le doute, l'angoisse, la folie proche. La mort. Il n'exprimera pas le traumatisme de ces 8 jours passés dans le noir. Son corps a dû être cependant lavé des bouts d'habits et de l'eau toxique que son estomac avait gardés de cette expérience.

Jayson, comme tous les autres survivants - sauf un - veut retourner travailler dans ces mines d'or. Dans ces mêmes conditions, précaires et dangereuses, qui leur ont fait côtoyer la mort. Ils changeront seulement de galerie, d'endroit. Un peu plus loin, ils repartiront, de père en fils, gagner presque 10 euros par jour et par personne, le double d'un salaire minimum local, qui leur un revenu qui leur fait oublier qu'ils peuvent perdre leur vie à la gagner.

Ci-dessous, 13 grammes d'or. Près de 190 euros, soit l'équivalent d'un mois réussi pour un de ces chercheurs d'or.


Pour écouter le témoignage de Jayson, et l'histoire des survivants de l'accident de la mine d'Antamok fin septembre, allez écouter ce reportage sur Radio Vatican (Eh oui, on varie un peu les sources :)

Et de manière plus détaillée, cet article dans La Croix

mardi 18 novembre 2008

Un visa illimité si vous créez des emplois

Voilà une mesure qui aurait plu à Nicolas Sarkozy : Gloria Arroyo vient de signer un décret qui offre aux étrangers venant aux Philippines, la possibilité d'obtenir un visa illimité, multiples entrées, si celui-ci fournit du travail à 10 Philippins. C'est ce qui s'appelle de l'"immigration choisie", assez cocasse pour un pays qui est plutôt connu pour son émigration !

Le but est de relancer l'investissement étranger par ces temps de crise, dans un pays légèrement en retard dans ce domaine , par rapport à d'autres pays de la région, selon The Inquirer/

C'est peut être le moment de venir gouter au charme du travail aux Philippines...!