lundi 21 avril 2008

Quand on délocalise la délocalisation !

On n'arrête pas le progrès, ni la délocalisation. Les Philippines sont aujourd'hui la terre d'accueil de centres d'appels indiens, qui eux-mêmes traitent avec des clients américains. Nous voici dans le monde magique du service délocalisé, qui choisit et peut changer sa place sur le globe assez rapidement.

Et aujourd'hui, à ce jeu là, les Philippines sont en passe de devenir des champions en "outsourcing" - ce mot venant de l'expression "Business Process Outsourcing", est intraduisible en français, si ce n'est par un bel essai de Sylvie Kauffman, dans un très bon papier du Monde sur le sujet, qui a appelé cela l'"infogérance"

Donc l'outsourcing, disions nous, emploie, en 2008, 350 000 personnes aux Philippines, ce qui devrait monter à 1 million dans deux ans.
Nous en savons peu en France, car ces Philippins sont anglophones, et ont eu la bonne idée de se faire coloniser par les Américains, et non par les Français. Beaucoup plus grand, le marché, eh oui !

Manille-Washington, Cebu-Los Angeles, Mindanao-Californie... entre ces deux mondes, chacun d'un côté du Pacifique, il y a en moyenne 12 heures de différence.
La proximité culturelle entre les Philippins et les Américains, que viennent chercher les compagnies US, se paie à coup de travail de nuit: la jeunesse de Manille vit la nuit, mais pas pour faire la fête. Ici l'happy hour dans les bars des centres d'affaires, c'est a partir de 6h du matin, quand les centres d'appels terminent leur service vers les Etats-Unis.

Les Indiens, à présent, délocalisent donc également leurs centres d'appels dans l'archipel. Il faut dire, vous avez entendu parler les Indiens en anglais :) ? Disons que ce charmant petit accent indien qui rebondit, les Philippins ne l'ont pas. Et adaptent très facilement le leur à celui de la côte ouest des Etats Unis.

Pour vous le prouver, venez écouter ce reportage... entrez dans le monde de la nuit d'un centre d'appels de Manille.

mardi 15 avril 2008

Les derniers Boat People s'en vont


Ils étaient encore une centaine, voire un peu plus. Cela fait maintenant près de 20 ans qu'ils attendent, pour la plupart. Leur fuite temporaire vers les Philippines aura duré tout ce temps.
Eux, ce sont les boat people vietnamiens qui, une nuit des années 90, ont pris, chacun à leur tour, un bateau de fortune, et ont dérivé sur la mer de Chine, dans un seul but : fuir le régime communiste.
Pendant plus de 15 ans, ils auront vécu aux Philippines en attendant qu'un pays occidental, qui a les moyens de les accueillir, veuille bien reconnaître leur détresse.
Aujourd'hui, le Canada vient d'ouvrir ses portes pour les 160 Vietnamiens qui restent dans l'archipel. C'est la fin d'un calvaire, pour Thai Nguyen (photo) et les autres. Car aux Philipines, ils n'avaient aucun droit, et ont plusieurs fois failli être renvoyés vers le Vietnam.

Ecoutez leur témoignage par ce reportage.