jeudi 2 avril 2009

Les Escadrons de la mort de Davao : Des meurtres passés sous silence


Peut-on tuer les tueurs ? Doit-on assassiner les meurtriers, pour faire régner l'ordre dans des situations difficiles ? Et surtout : Peut-on accepter l'assassinat de centaines de criminels pour assurer l'ordre et la sécurité du plus grand nombre ?

C'est la question qui se pose pour moi autour de ce qu'on appelle les Escadrons de la Mort de Davao. Ces groupes tuent depuis plus de dix ans les petits criminels de la ville de Davao, au sud de l'île de Mindanao. Sans aucune intervention de la police, de la justice, ces criminels sont condamnés à la peine de mort, sans procès.

Nous en sommes à plus de 850 morts en dix ans. Et pas un coupable.
Lundi et mardi dernier se sont tenus les premières auditions publiques de la commission des droits de l'homme depuis que ces Escadrons ont commencé. Leur but : demander des explications au maire, Rodrigo Duterte, qui règne sur la ville depuis 20 ans, et qu'on accuse de les organiser, ou tout du moins de les tolérer depuis trop longtemps.

Mais par-delà le problème humanitaire, c'est cette situation lancinante de sécurité publique qui me fascine dans un sens des plus sordides et machiavéliques : Les habitants de Davao acceptent ces meurtres, tolèrent ces assassinats, "car après tout ce sont des criminels, et que surtout, le maire a ainsi réussi à rétablir l'ordre sur Mindanao. Regardez autour, il y a des bombes, des braquages, des assassinats. Ce n'est pas le cas chez nous", dit l'homme de la rue, qu'il soit pauvre ou de classe moyenne.

Donc je vous renvoie cette quetsion : Si nous vivions dans une ville secouée depuis 40 ans par les conflits entre l'armée philippine, une guerrilla communiste et une rébellion musulmane, serions-nous prêt à tolérer la mort de centaines de petits criminels ?

Pour avoir des éléments de réponse à cette question effrayante, et partir à la découverte de ces Escadrons de la mort de Davao, suivez-moi dans ce Grand Reportage, à l'écoute des victimes, des témoins de ces meurtres, et surtout du maire, qui fait régner l'ordre comme un justicier solitaire. C'est ici que le voyage commence.

Et ensuite, n'hésitez pas à laisser des commentaires sur ce blog. A bientôt !

Photo : Clarita Alia, dans le cimetière où elle a enterré 4 de ses enfants, assassinés par les Escadrons de la mort, alors qu'ils étaient âgés entre 15 et 18 ans.