mardi 7 juillet 2009

Imelda Marcos, entre extravagance et simplicité

C'est une femme touchante et d'une naïveté émotive, mais calculatrice et tellement maligne. Quand on entre dans son salon, perché au dernier étage d'une des tours les plus élevées de Fort Bonifacio, le quartier le plus huppé et moderne de Manille, le magnifique se mélange au kitch. Un tableau de Gauguin est perdu derrière un mobilier vieillot et vaguement copié d'un style royal. Une tête de David, sculptée par Leonard de Vinci, est perdue derrière d'autres objets de moindre valeur. La simplicité de la personne et de son cadre, avant tout.
Et Madame Imelda Marcos d'arriver, dans son éternel costume violet à colerettes qui l'a rendue célèbre comme "the Steel Butterfly", "le Papillon d'Acier". (Photo 1 : Imelda Marcos dans la "Salle du procès, où elle a compilé tous les relevés de banques étrangères où le couple avait déposé ses biens et son or.")

A quelques jours de ses 80 ans, son combat se concentre on ne peut plus sur ses biens "injustement confisqués, spoliés", lors de la fuite du couple Marcos des Philippines en 1986, dans un hélicoptère des Etats-Unis, alors que des millions de Philippins s'apprêtaient à envahir le Palais de Malacanang.
Infatiguable bavarde, incontrôlable même par les questions les plus précises, on se laisse alors bercer par le récit de celle qu'on prendrait encore pour cette jeune fille de la province de Leyte, Reine de beauté en son temps, et qui a épousé un homme riche et politicien prometteur, 11 jours après l'avoir rencontré. En fermant les yeux, on penserait entendre les mêmes intonations innocentes et délicates, la même fragilité prude et naïve de cette fille élue par une foule aveuglée par son visage de princesse. Tout, dans son propos, nous fait croire qu'elle n'a jamais eu d'autre intention que d'offrir aux Philippins son tryptique favori : "the True, the Good, and the Beautiful". (Photo 2 : Dans son salon de l'étage du dessous de son duplex. En haut à gauche, on peut voir la tête de David, sculptée par Leonard de Vinci.)

Sauf que le visage de cette Reine de beauté s'est affaissé, les formes ne sont plus celles de la Préférée de Leyte, et que cette femme porte à son doigt un diamant de "peut-être 22 caras" , symbole de cette richesse extravagante. "Ferdinand (Marcos) me l'a offert comme bague de fiançailles, et il m'a dit qu'elle devait être de 11 caras. Mais quand des bijoutiers l'ont regardé de plus près, ils ont remarqué qu'elle devait faire au moins le double", lâche-t-elle simplement, légèrement, entre deux histoires sur sa vie de Palais et "l'implacable politique de persécution et de privation" dont elle fait l'objet depuis sa chute.

Mais aussi légère que soit cette remarque, il est bien question de bijoux ces jours-ci. 18 ans après son retour au pays, alors qu'elle a déjà gagné 900 procès pour détournement et pillage, son armée d'avocats est bien décidée à réussir à récupérer une partie des bijoux confisqués lors de sa fuite, et dont l'ensemble de couronnes et diamants est estimé à plus de 200 millions d'euros. Elle a relancé le sujet le mois dernier, qui est ainsi venu sur le devant de la scène, le ministre de la Justice demandant ainsi à la Commission de la Bonne Gouvernance, qui gère tous les dossiers concernant les biens des Marcos, de "rendre ces bijoux si aucun procès respectifs à ces biens n'était en cours". Il n'en a pas fallu plus pour attribuer au gouvernement l'intention de rendre ces bijoux aux Marcos, ce qui a levé une vague de protestation. Un beau test d'opinion publique.

Il est pourtant clair, selon la commission que j'ai contactée, que la plupart de ces bijoux sont soit déjà attribués à la République des Philippines suite à leur saisie par les douanes américaines, soit en cours de procès pour une des collections. Et le ministre de la Justice a d'autres encablures que les miennes pour vérifier ce petit détail avant de le plaquer dans un mémo public.

Mais on ne connait peut-être pas tous les secrets d'Imelda et ses relations avec le gouvernement actuel, qui semblent l'assurer si fortement qu'elle pourra récupérer ses bijoux.

En attendant, je vous propose d'écouter la fraicheur de cette femme de 80 ans, du haut de son palais moderne qui domine encore la capitale philippine. C'est ici que cela commence.


Mais comme d'extravagance il n'en est jamais trop, je vous propose ce monologue de deux minutes, qui reflète bien sa personnalité et ses valeurs construites en un tryptique fameux: "The True, the good, and the Beautiful". Tout ce qu'elle a construit et qui reste de fait debout ici aux Philippines, - Le palais de la culture, Le centre de Conventions- allaient dans ce sens, dit-elle.
Elle réagit ici au classement du magazine Newsweek, qui l'a placée comme la 2e personne la plus avide ("greedy") de tous les temps, juste après Gengis Khan. Elle entre ensuite dans une comparaison avec le sanguinaire empereur mongol. Un passage plein d'enseignement sur son personnage marquant dans l'histoire philippine.

Je vous laisse écouter.

Et puis, le journaliste mis en scène, à côté d'un beau Picasso.




vendredi 3 juillet 2009

Une expédition religieuse et humaine


Je ne suis pas particulièrement croyant, mais il y a des "missions de la foi" qui imposent le respect. C'est le cas de celle de la congrégation des Soeurs de l'Immaculée Conception de Castres, qui est arrivée il y a quelques années s'occuper des plus pauvres parmi les pauvres. De ceux qui vivent sous les ponts, et s'installent, fondent une famille, et s'enracinent ainsi dans cette situation de pauvreté.
Je vous invite pour une fois à suivre ces soeurs sous un pont d'une avenue de Manille, où s'est installée cette petite communauté.